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Rapport introductif du 10 Juin 2014

Par William BURIAS, le 30 juillet 2014

Le très haut niveau de l'abstention et le niveau historique du Front national aux élections européennes confirment que la crise politique et démocratique que traverse notre pays atteint un seuil critique. C'est une nouvelle alerte après celle des élections municipales. La France s'enfonce dans un malaise démocratique inquiétant. Les causes de cette situation sont claires : le rejet massif du modèle libéral de l'Union européenne et le mépris que les tenants de ce modèle ont opposé depuis dix ans à tous ceux qui le contestaient ; l'enfermement de François Hollande et de Manuel Valls dans une politique d'austérité désavouée par le pays ; le profond désarroi dans lequel cette situation plonge les classes populaires et l'ensemble des électeurs de gauche.

La victoire du Front national, portée par une forte appropriation du mécontentement et une captation des voix de la droite, est un événement grave au plan national comme européen.

Si la droite et l'extrême droite sont en tête, c'est surtout que la majorité gouvernementale est sanctionnée et isolée. La gauche sort très affaiblie de ce scrutin.

Dans ce contexte, le résultat national du Front de gauche, équivalents à ce qu'ils étaient en 2009, ne permettent pas de relever le défi d'une voix alternative majoritaire à gauche.

Dans le Cantal, même si l'abstention est supérieure à la moyenne nationale, avec une participation en augmentation par rapport à 2009, le score du Front national est en très forte augmentation, passant de 1631 voix (3,1%) à 9893 (19,4%), soit 6 fois plus, en nombre de voix comme en pourcentage. Les résultats du Front de gauche dans le Cantal ne sont pas à la hauteur de ce que nous attendions, même si nous sommes la seule force de gauche qui améliore ses résultats par rapport à 2009. Nous gagnons 686 voix en passons de 5,3% à 6,2%. Le PS baisse de 132 voix en passant de 18,3% à 16,2%, et Les Verts s'effondrent perdant 2122 voix de 11,2% à 6%.

Mais nous attendions plus.  Nous allons donc poursuivre et redoubler d'initiatives. Nous devons être à la hauteur du défi qui est devant nous et devant toutes les forces de gauche.

Les résultats du scrutin ne sont pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Cela intervient après 10 ans d'alerte de la part des Français à l'égard de la construction sans les peuples de l'Union Européenne et de mépris envers nos concitoyens. Mais aussi après la trahison du peuple par ce gouvernement embourbé dans les dogmes libéraux, qui avait déjà reçu un avertissement après le désaveu des élections municipales.

Pourtant, le 1er ministre a annoncé le soir même des élections le maintien du cap politique qui nous mène au désastre.

Le désarroi constaté chez beaucoup de cantaliens va nous inviter à nous adresser à eux, afin de construire une alternative politique.

Pour cela, il ne faut compter ni sur ce gouvernement, ni sur le Président de la République. Celui-ci annonce vouloir "regarder en face" la réalité mais il continue à tourner le dos au chemin qui permettrait le redressement de notre pays. La déclaration de politique générale de Manuel Valls du 8 avril dernier donne le ton. Le 1er ministre a annoncé le programme rêvé par la droite et le Medef. Le patronat réalise un carton plein avec le pacte de responsabilité et l'évolution sur la fiscalité des entreprises sans la moindre contrepartie. Toutes ses revendications sont reprises avec une gigantesque trappe à bas salaires avec l’exonération totale des charges pour un SMIC. Au nom de la « solidarité », la baisse des cotisations sociales salariales, qui avait été proposée en son temps par Laurence Parisot, vient compléter la feuille de route d'un premier ministre dont le monde du travail, la jeunesse et les territoires ont tout à craindre.

Fidèle à sa stratégie du « Toujours plus pour les patrons », le Medef montre les dents et menace de sortir du pacte de responsabilité si le gouvernement ne baisse pas les impôts des chefs d’entreprises. Alors que 41 milliards d'euros de cadeaux sont déjà programmés et que les entreprises touchent leur premier chèque CICE, ce chantage insupportable n'a rien d’étonnant.

Depuis l'élection de François Hollande, tous les desiderata du patronat ont été systématiquement exaucés et parfois même anticipés.

Récemment, le ministre du Travail a fait mine de s’indigner d'un tel comportement en demandant au MEDEF de cesser de se plaindre. Il est plus que temps ! Mais cela demande une cohérence que François Rebsamen ne peut opposer au Medef : il y a quelques jours, il vient de proposer de faire disparaître les seuils sociaux des comités d’entreprise en cédant par avance à une vieille revendication patronale.

Aucune leçon n'est tirée par l'exécutif.

La méthode qu'il a dévoilée pour la réforme territoriale se situe dans le registre du cirque ! C'est l'un des symptômes de la crise démocratique profonde que nous traversons et dont les deux dernières élections ont à nouveau montré la gravité.

A l'endroit où il faudrait rechercher un nouvel élan démocratique, sa réforme territoriale n'affiche pas d'autre ambition que l'austérité accrue pour les budgets publics et l'accroissement de la compétition entre territoires, conformément aux injonctions européennes. Cela se fait au prix d'une aggravation de l'autoritarisme inhérent à la Vème République et de la mise en place de pouvoirs de plus en plus technocratiques abrités de la souveraineté populaire.

Si la démarche présentée est si acrobatique, c'est pour éviter une validation démocratique aux résultats incertains. Ainsi, on redécouperait les régions au gré des vents avant même que de définir les missions des collectivités. Tout serait imposé sans s'appuyer sur le bilan de l'action menée dans les diverses collectivités et sur la créativité qui a fait la force de la décentralisation.

Nous n'acceptons pas le double-langage qui consiste à décréter que les communes sont "une petite République dans la grande" tout en augurant leur démantèlement. Le fait de plonger les départements en respiration artificielle relève de la même démarche de duplicité. Au final le projet est complètement contraire au renouveau de la République, à l'égalité entre territoires, à l'égalité en droits de toutes et tous. Enfin, présenter en soi la suppression d'élus du peuple comme un progrès démocratique et une illusoire source d'économies substantielles ravira la droite et l'extrême droite quoiqu'elles en disent : c'est leur inépuisable fonds de commerce.

La République a besoin d'un sérieux coup de jeune - de passer la 6eme - or il s'agit là d'un acte de destruction qui conduit à une nouvelle concentration des pouvoirs. Une fois de plus, il s'agit de répondre au mieux aux exigences grandissantes des forces patronales et de la finance dont l'emprise s'accroît au fur et à mesure. Les hommes et les femmes de notre pays et de notre continent ont chaque jour qui passe le sentiment accru que le pouvoir est ailleurs, qu'il s'exerce sans eux, qu'ils évoluent dans une démocratie d'apparence. Aucune modification des règles de la démocratie ne peut se faire sans démocratie.

Nous devons exiger des référendums pour chaque modification et, c'est essentiel, un grand débat, animé par une Constituante, pour refaire de la République notre bien commun et redonner à l'action publique toute l'efficacité que peut revêtir le pouvoir quand il est réellement exercé par le peuple.

Face au Medef arrogant, face aux politiques d'austérité imposées par la commission européenne et relayées par le gouvernement, pour contrer la montée du Front national, la seule solution est de changer de politique. La gauche n’a qu’une boussole et quand elle s'en écarte elle n'est plus la gauche: celle de la justice sociale, des solidarités, de la répartition des richesses, celle des droits nouveaux pour les salariés, du progrès social et démocratique.

L'heure est au dialogue, à l'échange et à la construction avec toutes celles et ceux qui, à gauche, ne veulent pas de l'orientation Hollande/Valls, qui conduit la France à l'échec et la gauche à la catastrophe. Il faut refonder la politique et la République.

Car avec les interventions de François Hollande et Manuel Valls annonçant crânement la poursuite d'une orientation politique pourtant sanctionnée aux élections municipales et européennes, Marine le Pen peut boire du petit lait, ils lui servent à la louche.

Une question est aujourd'hui posée. Comment peut-on imaginer que la crise de régime puisse s'installer et se développer jusqu'en 2017 sans que rien ne puisse faire dévier cette funeste trajectoire ? Le noyau dirigeant du PS a-t-il fait le choix d'une seule et unique option : face au FN et à l'UMP, arracher la qualification de son candidat pour le second tour de la prochaine présidentielle avec un appel « à l'unité » après avoir laminé le pays et la gauche avec cinq années de renoncements et de promesses trahies ?

Il y urgence à agir, à ce que des forces politiques, syndicales, associatives et citoyennes s'accordent sur l'essentiel. Qu'elles décident ensemble des grandes questions économiques, sociales et démocratiques à discuter. Qu'elles engagent le plus rapidement la riposte en refusant la banalisation du FN qui peut aujourd'hui être distillée par une certaine forme de relativisation de son score. Que ces forces convergent dans un processus permanent pour un projet progressiste d'avenir, un projet politique pour la France. Forum, états généraux, assises... Qu'importe. Il faut identifier les enjeux, les travailler avec une démarche de très grande ouverture et faire preuve d'innovation, de créativité pour intéresser le plus grand nombre, en faire un processus citoyen et populaire qui irrigue le pays en profondeur.

C'est une course contre la montre qui est lancée. La question de la restructuration de la refondation de la gauche, en terme de projet et de rassemblement, est plus que jamais d'actualité.

C'est en ce sens que nous co-organisons ce soir, avec l'aile gauche du Parti Socialiste, et EELV, un débat autour du thème "Austérité en Europe et en France : quelles politiques alternatives ?" en présence de Nicolas Sansu pour le PCF, député et membre de la commission des finances de l'assemblée nationale, de Gérard Filoche, membre du bureau national du PS, et Liêm Hoang-Ngoc, cofondateur du club des "socialistes affligés", et Clarisse Heusquin, candidate EELV aux élections européennes.

De cette crise politique doit émerger une perspective réelle et crédible à gauche sur fond de rupture avec ce système rompu aux thèses libérales. La gauche s'est trop éloignée de ses valeurs. Elle ne pourra retrouver le peuple que dans un mouvement social et politique de l'ampleur d'un Front populaire du XXIème siècle.

Le chantier est colossal. Les communistes ont une grande responsabilité.

Pour construire ce nouveau Front populaire, nous devons mettre dans les mains du peuple un projet de transformation social et progressiste dans lequel il se reconnaitra et se rassemblera. Il est grand temps de rallumer les étoiles : c'était l'ambition de notre 36ème congrès. Cette fois, nous sommes au pied du mur.

Rallumons les étoiles dans les yeux et les cœurs de ceux qui n'y croient plus. La désespérance sociale et le repli sur soi xénophobe, alimentés par la politique du gouvernement et dont les résultats du Front national sont le révélateur, doit être combattue pied à pied par les communistes. Ce que Marine le Pen peut le plus redouter, c'est que notre pays retrouve une espérance collective, qu'un horizon puisse se dégager le plus rapidement possible. Nous devons travailler à irriguer chez les jeunes, les travailleurs, les intellectuels, notre projet révolutionnaire. Notre 36ème congrès apporte beaucoup d'éléments. Nous devons les faire connaitre, jusqu'à obtenir ce que Gramsci appelle l'hégémonie culturelle. L'enjeu est à ce niveau.

Pour y arriver, nous ne pouvons plus nous contenter des méthodes classiques de militantisme, affichage, distributions de tract, réunions publiques, même si elles sont essentielles. Nous devons aller à la rencontre de ceux qui ont abandonné tout espoir. Retourner devant les usines, les lieux de travail. Mais aussi les lieux de vie, au porte à porte. Le Front national entre dans les maisons par la télévision, nous devons y entrer par la porte. C'est en allant au-devant du peuple, que nous pourrons y confronter nos idées, les affuter, et renforcer notre organisation. Retissons des liens avec les associations, renforçons celles avec les syndicats. La fédération lancera une série de rencontre dès la rentrée. Mais retissons d'abord des liens avec ce que nous appelions les prolétaires. Notre renforcement doit être la priorité des priorités. Nous pouvons rassembler au sein du PCF, pour peu que l'on s'en donne réellement les moyens.

La fête du COP sera l'occasion de concrétiser des adhésions de personnes proches du Parti mais qui n'en sont pas adhérents. Le programme musical peut-être l'occasion de faire venir des jeunes à notre fête fédérale. Allons à leur rencontre en leur proposant l'adhésion. Dès ce soir, vous pouvez repartir avec les affiches et les tracts pour populariser la fête et placer des bons de soutien.

Camarades, nous devons être à la hauteur de la situation. Ne baissons pas les bras. Ecoutons Lénine : Là où il y a la volonté, il y a un chemin.

 
 

10 Juin 2014

La crise que la France traverse en ce moment n’est ni plus ni moins que la crise du système capitaliste. On assiste à une offensive sans précédent contre le monde du travail avec un remodelage du système social et démocratique de notre pays pour les mettre aux mains exclusives de la finance. Nous ne pouvons pas nous résigner à une telle fatalité et notre Parti avance des propositions concrètes pour contrer cette fuite en avant.

L’identité communiste nous permet de pousser largement les frontières du rassemblement à gauche afin de faire émerger un projet clairement de gauche, en rupture avec la logique du système capitaliste.

Pour faire connaitre notre projet, notre Fédération doit se concentrer sur le renforcement de notre Parti. Plus d’adhérents, plus de militants dans nos sections, c’est une activité accrue du PCF, c’est l’assurance de la diffusion de nos idées sur tout le territoire.

Qui dit nouveaux adhérents, dit besoin de formation pour tous. Une journée ou un weekend de formation sera organisé à partir de la rentrée de Septembre.

De plus, notre organisation doit se reposer sur les élus communistes pour mettre en place ces propositions dans tous les lieux de pouvoirs. Au lendemain des municipales, l’Association Départementale des Elus Communistes et Républicains (ADECR) compte 41 membres dont 20 adhérents au PCF. Par son positionnement sur la réforme territoriale et son envie de formation de tous les élus, l’ADECR attire de nombreux élus de gauche Cantaliens et reste un formidable outil d’avenir.

 

 

 

 

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le 30 juillet 2014

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